La maison Dior a confirmé le 31 janvier 2025 le départ de Kim Jones, qui occupait le poste de directeur artistique des collections masculines depuis 2018. Cette annonce survient quelques jours après la présentation de sa collection hivernale à Paris et peu après avoir reçu la Légion d’Honneur, couronnant un parcours remarquable au sein de la prestigieuse maison française.
Sept années de redéfinition du vestiaire masculin Dior
L’arrivée de Kim Jones chez Dior en 2018 avait marqué un tournant décisif pour la ligne masculine de la maison. Le créateur britannique y a développé une vision singulière, fusionnant l’héritage couture de Dior avec des influences contemporaines. Puisant dans les archives tout en regardant résolument vers l’avenir, il a construit collection après collection un vocabulaire stylistique reconnaissable entre tous.
Sa capacité à marier la rigueur de la confection classique avec des éléments plus décontractés a contribué à repositionner Dior Homme dans le paysage du luxe masculin. En introduisant des silhouettes plus fluides et des pièces d’inspiration sportswear, Jones a su attirer une clientèle rajeunie sans aliéner les aficionados historiques de la maison.
L’art comme pilier créatif
L’une des signatures de l’ère Jones chez Dior a été l’intégration systématique de l’art dans ses collections. Au fil des saisons, le créateur a noué des partenariats avec des artistes contemporains de renom : KAWS, Daniel Arsham, Peter Doig, Kenny Scharf, pour ne citer qu’eux. Ces collaborations ont dépassé le simple exercice marketing pour devenir un véritable axe créatif, transformant certaines pièces en véritables œuvres portables.
Cette approche a permis à Dior d’établir un dialogue constant entre mode et art contemporain, renforçant le positionnement culturel de la maison et offrant une profondeur narrative à chaque collection.
Un dernier défilé comme un adieu
Avec le recul, son ultime défilé parisien du 24 janvier apparaît aujourd’hui comme un épilogue élégant. La collection Hiver 2025/2026, dominée par une palette sombre et des silhouettes à l’élégance retenue, semblait porter en elle une forme de conclusion. Les manteaux aux coupes précises, les costumes revisités et les accessoires minutieusement travaillés synthétisaient sept années d’exploration stylistique.
Dans le communiqué officiel annonçant son départ, Jones exprime sa « profonde gratitude envers la maison Dior, les ateliers et tous les talents créatifs » avec lesquels il a collaboré durant cette période fertile. Un message sobre qui clôt un chapitre significatif dans l’histoire récente de la mode masculine de luxe.
Un parcours jalonné d’influences durables
Avant son passage chez Dior, Kim Jones s’était déjà distingué à la direction artistique des collections masculines de Louis Vuitton (2011-2018), où il avait initié le rapprochement entre luxe traditionnel et culture streetwear. Cette vision, alors pionnière, est devenue depuis un paradigme dominant dans l’industrie.
Son influence s’est également manifestée chez Fendi, où il a dirigé les collections féminines de 2020 jusqu’à octobre dernier. Cette double casquette de directeur artistique pour deux maisons majeures du groupe LVMH témoignait de la confiance accordée à sa vision créative.
Une succession ouverte
La maison Dior n’a pas encore désigné le successeur de Kim Jones, laissant place aux spéculations dans l’industrie. Parmi les noms évoqués figure celui de Jonathan Anderson, actuellement à la tête de Loewe, dont l’approche expérimentale et le travail minutieux des matières pourraient s’aligner avec l’ADN Dior.
Ce départ s’inscrit dans une période de renouvellement des directions artistiques au sein des grandes maisons de luxe. Dior se trouve désormais face à un choix stratégique : poursuivre dans la voie tracée par Jones ou opérer un virage plus radical avec une nouvelle vision
Quant à l’avenir de Kim Jones, plusieurs hypothèses circulent, de la possibilité d’un retour chez Burberry, où il a travaillé au début de sa carrière, au lancement d’une marque personnelle. Son expertise dans le mariage entre héritage et modernité reste l’une des plus recherchées dans l’industrie.
