Dans un mouvement stratégique qui marque un tournant pour l’une des maisons françaises les plus influentes, Celine annonce la nomination de Michael Rider au poste de directeur artistique. Ce designer américain, qui a forgé son savoir-faire chez Polo Ralph Lauren après une décennie déterminante passée aux côtés de Phoebe Philo, prendra officiellement ses fonctions en janvier 2025. Cette nomination, qui coïncide avec la clôture de la fashion week parisienne, s’accompagne du départ d’Hedi Slimane, dont les rumeurs annonçaient déjà l’arrivée prochaine chez Chanel.
Un retour aux sources pour le créateur
Michael Rider ne découvre pas l’univers de Celine. Son parcours est intrinsèquement lié à l’histoire récente de la maison fondée par Céline Vipiana. Pendant dix ans, il a occupé le poste de directeur du design sous la direction artistique de Phoebe Philo, contribuant à façonner cette esthétique qui a profondément marqué la mode contemporaine. Cette connaissance intime des codes et de l’héritage de la marque a sans doute pesé dans la balance lors de sa nomination.
Séverine Merle, PDG de Celine, souligne cette continuité dans le communiqué officiel : « Je suis ravi d’accueillir Michael chez Celine, une maison qu’il connaît intimement. La vision de Michael, son talent créatif, son authenticité et son lien étroit avec l’héritage de Celine font de lui un choix naturel pour poursuivre et pérenniser le succès de la maison ».
Une maîtrise technique au service d’un vestiaire exigeant
Ce qui distingue Michael Rider dans le paysage de la mode actuelle est sa formation rigoureuse et sa maîtrise technique du vêtement. Son passage chez Polo Ralph Lauren témoigne d’une approche où la précision de la coupe et la qualité des matières priment sur l’effet spectaculaire. Le créateur a développé un sens aigu du détail et de la construction qui pourrait recentrer Celine autour de valeurs fondamentales du luxe : la qualité d’exécution et la pérennité des créations.
Dans sa nouvelle fonction, Michael Rider sera responsable de l’ensemble du spectre créatif de la maison : collections féminines et masculines, prêt-à-porter, maroquinerie, accessoires et couture. Un périmètre complet qui lui permettra d’imprimer sa vision sur tous les aspects de l’identité Celine.
Une esthétique en dialogue avec l’héritage Celine
La direction que prendra la maison sous l’impulsion de Rider s’annonce comme un retour à une esthétique plus structurée et fluide, un dialogue renouvelé avec l’héritage laissé par Phoebe Philo. On peut anticiper des silhouettes où les textures, le tombé du tissu et les lignes travaillées dans l’atelier redeviendraient centrales – un contraste notable avec l’ère Slimane, caractérisée par une construction ultra-rigoureuse et une influence rock marquée.
Le travail des ateliers, notamment dans le tailleur et la confection du cuir, pourrait retrouver une place prépondérante. Cette évolution séduirait potentiellement une clientèle en quête d’un vestiaire ancré dans un luxe qui se particularise par la justesse des proportions et la perfection du détail plutôt que par l’extravagance.
Un défi créatif et commercial
Michael Rider lui-même semble conscient de l’ampleur du défi qui l’attend, comme en témoignent ses premières déclarations : « Celine est une maison dont les valeurs me sont très chères et qui possède un bel héritage sur lequel s’appuyer. Je suis honoré d’y revenir afin de construire le futur de la maison avec les équipes de Celine. »
Sa première collection sera scrutée avec une attention particulière par l’industrie. Au-delà d’un exercice de style, elle devra exprimer une vision capable de renouer avec l’héritage de la maison tout en affirmant une approche contemporaine. L’équilibre entre mémoire et renouveau définira la trajectoire que prendra Celine sous sa direction.
Cette nomination intervient dans un contexte de remaniements importants au sein des grandes maisons de luxe, signe d’une industrie en constante mutation où la quête d’identité forte et distinctive demeure l’enjeu majeur.